Histoire
- Background familial:
Florence est la fille unique de Léontine Claes et de Hervé Pastorelli, deux sorciers aisés de sang-mêlé.
La famille Claes est une vieille famille sorcière qui a fait fortune grâce à leur passé colonial. Et même s’ils ont encore quelques « billes » au Congo, ils se sont majoritairement concentrés sur leur brasserie de bièraubeurre. L’entreprise, bien que très fructueuse, a malheureusement récemment été menacée par les Bellingfield qu’ils ont d’ailleurs attaqués en justice pour espionnage industriel.
La famille Pastorelli, famille sorcière très connue dans la Principauté de Monaco a quant à elle investit massivement dans l’armement sorcier.
I. C’est une fille — Février 1958
« Combien de mois ? » Léontine avait tourné la tête vers l’homme assis à coté d’elle. Un sourire éclaira son visage lorsqu’elle remarqua qu’il fixait son ventre rond.
« Huit. C’est pour bientôt », avait-elle répondu en détaillant ses traits avec plus d’attention.
« Comme ma femme. Enfin… On n’est pas encore mariés. Oups », plaisanta-t-il avant de sortir une échographie pliée en quatre.
« C’est un garçon. La naissance est prévue le 21 mars. » Léontine posa une main sur son nombril, se penchant vers l’homme pour regarder la forme qui se détachait en monochrome.
« La mienne — c’est une fille —, est prévue pour le 22. On dirait que nos enfants iront à Beauxbâtons ensemble », commenta-t-elle avant de demander à l’inconnu d’où il venait. Elle prit soin de retenir son nom, Jules Charrier, et se surprit à connaître celui de sa femme. Enfin… Ils n’étaient toujours pas mariés. Oups, avait-il dit une nouvelle fois, ce qui avait fait glousser Léontine.
« Cécile devrait me rendre visite un jour ! Je suis sûre qu’elle serait contente de savoir ce qui se fait pour les nouveaux-nés chez les sorciers. Monaco n’est pas très grande. » Et c’est ce que Cécile de Lenverpré avait fait, scellant une belle mais courte amitié.
II. Comme une furie — Novembre 1973
Les joues brûlantes, je m’empresse de tourner la tête. J’ai bien trop peur de croiser son regard. Pourtant, je ne peux m’empêcher de jeter quelques rapides coups d’oeil dans sa direction, incapable de ne pas l’étudier sous toutes ses coutures, pour une fois qu’il est si proche de moi.
Je n’ai jamais été aussi contente de faire un devoir. D’ailleurs peut-être que si on fait une bonne note, la prof nous remettra ensemble au prochain cours. Je m’efforce donc de rester concentrée sur le morceau de parchemin qui nous lie aujourd’hui, malgré mon coeur qui bat plus vite que d’habitude.
Mon écriture est hasardeuse alors que ma plume tremble entre mes doigts fébriles. Je peux sentir son odeur et nos cuisses se frôler sous la table. Je n’ose plus bouger.
« Et du coup… Toi aussi tu es Monégasque ? — A moitié.— Moi aussi. Ma mère est Belge. D’ailleurs je crois qu’elle connaît bien ta m... » Mais Louis ne m’a jamais laissé terminer ma phrase puisque Clémence vient d’accaparer toute son attention en déboulant comme une furie dans la bibliothèque.
« Chuuut », m’exclamé-je alors qu’elle recommence à éclater de rire. Un rire aussi bruyant qu’agaçant.
« Euh Louis ? On n’a pas terminé notre devoir… On devrait quand même au moins faire la conclusion, non ?— Tu peux la faire sans moi, je te fais confiance, Flo ! »Choquée, je ramène le parchemin contre ma poitrine en le regardant filer à toute berzingue dans le sillage de Clémence. Je ne sais pas quoi penser… Flattée qu’il me fasse confiance et surtout, qu’il m’ait appelée par mon diminutif alors qu’on s’est à peine fréquentés, je ne comprends néanmoins pas pourquoi il n’a pas demandé à Clémence de nous laisser finir.
III. Demi-tour — Avril 1974
Le coeur tambourinant furieusement sous ma poitrine, je m’efforce de compter jusqu’à trois avant de franchir la porte du vestiaire. Je sais que Louis y est encore. Et je sais que c’est aussi le seul moment où je pourrai lui avouer mes sentiments. Après il y aura les examens, les vacances… Non, je dois le faire maintenant.
Poussant la porte d’un mouvement brusque, je m’arrête tout aussi brutalement en tombant sur Louis. Le problème, c’est qu’il n’est pas seul. Le problème, c’est qu’il vient de coller ses lèvres contre celles de Clémence. Une soudaine envie de pleurer me force à faire demi-tour. Le battant claque bruyamment dans mon dos. Je ne me retourne pas.
IV. Trop tard — Mai 1974
Tristan aurait dû me dire que son frère sortait avec quelqu’un… Encore plus s’il s’agissait d’
elle. Il sait que je la déteste ! Mais c’est peut-être justement pour ça qu’il n’a rien dit… Songeuse, j’hésite quelques secondes supplémentaires avant de finalement glisser l’article de journal dans la boîte aux lettres de la gazette de l’école. Et aussitôt, je m’en veux.
Louis mérite de redescendre de son petit nuage mais pas Tristan… Pourtant, quand les autres apprendront que leur mère est barje, c’est sans doute lui qui en souffrira le plus. Mais c’est trop tard.
V. Marche arrière — Juin 1974
Comme je m’y attendais, la rumeur (malheureusement fondée) au sujet de Cécile de Lenverpré n’a pas loupé. Et comme je m’y attendais, je n’arrive plus à me regarder dans un miroir. Au départ, je pensais m’excuser auprès de Tristan mais je ne l’ai plus croisé une seule fois depuis… Sans doute se planque-t-il quelque part pour ne pas avoir à affronter les moqueries des autres. Dans tous les cas, je dois le retrouver. Et la seule personne susceptible de savoir où il est se trouve dans la bibliothèque.
Evidemment, quand j’arrive, je remarque en premier lieu la chevelure blonde de Clémence avant la tignasse mal peignée de Louis. Oui, évidemment.
Agacée, je m’approche à pas feutrés, réfléchissant à comment je vais bien pouvoir tourner ma question.
Je n’en ai cependant pas besoin puisqu’un éclat de voix me pousse à m’arrêter.
« Arrête de me prendre pour un con ! Je ne l’ai dit qu’à toi ! D’ailleurs t’étais pas obligée de balancer à tout le monde que ma mère est folle pour me faire comprendre que tu ne voulais pas de moi ! C’était déjà très clair sans ça, je te rassure… »Je n’entends pas ce que Clémence répond puisque les bruits de pas de Louis viennent de couvrir sa voix.
J’ai tout juste le temps de me plaquer contre une étagère pour le laisser passer mais étonnamment, il fait marche arrière et s’arrête à ma hauteur.
« Flo ! Mon frère te cherche… Je crois qu’il voulait t’inviter chez nous cet été. Enfin, si t’as pas peur des tarés.— Je… Je le cherchais aussi. Et vous n’êtes pas tarés… Ceux qui ont dit ça sont des idiots. » Moi la première, pensé-je très fort.
VI. Une espèce rare — Avril 1977
« Tu vois, Louis, il faut se méfier des jolies filles. Et plus elles le sont, pire c’est ! » Je ne voulais pas surprendre leur conversation mais les conseils de Jules à son fils me font tiquer. En pénétrant dans la pièce, je remarque alors la montre qui orne le poignet du père de famille. Sourcils froncés, les mots sortent tous seuls.
« Et que faut-il penser des voleurs ? Cette montre appartient à mon père…— Mais je ne l’ai pas volée. Disons plutôt que j’ai réparti les ressources de façon plus équitable… Je pense que ton cher papa parviendra à lire l’heure même s’il ne lui reste que 16 montres sur les 17 de sa collection.— Il vous avait invité ! Il ne voulait pas le faire mais j’ai insisté en disant que vous étiez quelqu’un de bien !— Le bien, le mal… C’est très subjectif. Ton père travaille dans l’armement, c’est bien ça ? C’est en vendant ses potions explosives qu’il a construit sa fortune, non ? Et c’est avec ça qu’il s’offre de jolies montres. Tu parles de quelqu’un de bien ! Mais toi tu n’es pas comme lui, ma petite Florence. Toi tu es une espèce rare. Tu fais partie des nôtres. Et tu verras que voler une montre à quelqu’un qui a assez d’argent pour s’en payer seize autres, ce n’est pas si mal que ça. »Devenue muette, je regarde le père de mon copain approcher de moi et passer un bras par-dessus mes épaules. Cette proximité me met mal à l’aise et pourtant, j’ai l’impression qu’il m’apprécie vraiment. Contrairement à mon père qui a toujours semblé plus intéressé par ses montres que par moi.
Jules a peut-être raison. Et si je faisais partie des leurs ?
VIII. Bouée de sauvetage — Juin 1981
« Je t’avais prévenue, Florence ! Louis ne vaut pas mieux que son monstre de père ! C’est à cause de lui que Cécile est devenue folle… Folle de chagrin quand il lui a enlevé ses garçons ! » Les mots de ma mère me percent les tympans. Si mon père savait que nous avons gardé contact, il serait fou de rage contre elle. Mais pour l’heure, c’est surtout moi qui suis furieuse.
« Non, non, ça ne s’est pas passé comme ça… C’est parce que Cécile était folle que Jules est parti avec ses fils. Parce qu’elle devenait dangereuse pour eux, protesté-je d’une voix teintée de doute.
— Ca c’est ce qu’il dit. Mais moi je connais Cécile et je sais qu’elle était tout ce qu’il y avait de plus sain d’esprit. Jusqu’à ce qu’il lui vole ses enfants et disparaisse avec eux dans la nature. Elle ne l’a pas supporté… Et toi non plus, tu ne le supporteras pas quand ils te prendront Juliette. Alors ma chérie, je t’en conjure, prends ta fille avec toi et pars. Fuis les Charrier. Ils ne t’attireront que des problèmes. »Les larmes commencent à rouler sur mes joues. Moi qui cherchais seulement un peu de soutien auprès de ma mère… Je m’attendais à ce qu’elle me rassure au lieu de m’inquiéter plus encore. Mais au fond de moi, je sais qu’elle a raison. Louis ne nous veut pas de mal mais ses choix de vie ne sont pas compatibles avec notre rôle de parents.
« Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. Je ne dirai rien à ton père ni aux Charrier. »Et elle me glisse l’adresse de sa famille au creux de la main.
La voilà la bouée de sauvetage à laquelle je vais pouvoir me raccrocher.
CHRONOLOGIE
1958►
22 mars | Naissance de Florence.
1969►
1er sept. | Première rentrée à Beauxbâtons.
1974►
20 juin | Commence à sortir avec Louis.
1976►
30 juin | Est diplômée de Beauxbâtons.
1976►
sept. | Se met en ménage avec Louis.
1977►
23 déc. | Naissance de Juliette. Louis rate l'accouchement.
1981►
Juin | Florence disparaît sans prévenir avec Juliette et ne donne aucun indice à Louis sur où elles se trouvent alors qu'elle rejoint la brasserie des ses grands-parents maternels en Belgique.
1982►
Janvier | La Brasserie Claes attaque les Bellingfield en justice pour espionnage industriel.
►
Février | Florence déménage à Londres avec l'intention de trouver les failles des Bellingfield. Elle écrit un premier article sur eux qui sera publié dans le Sorcière Hebdo, juste avant de faire la rencontre d'Apolline avec qui elle se mettra en collocation.
►
Mars | Elle commence à écrire pour le Corbeau en plus de Sorcière Hebdo.