Histoire
Un jour de 1967.« - J'suis pas un porte-manteau ! Puis c'est vraiment un truc de filles ça », dit-il, l'air dégoûté, pendant que ses soeurs enfilaient des élastiques à cheveux autour de ses doigts pour qu'il les tienne pendant qu'elles se coiffaient et jacassaient. A dix ans, il avait bien d'autres choses à foutre que de les aider. Comme finir de construire le circuit de voitures que ses parents lui avaient acheté PAR EXEMPLE.
« En plus vous dites jamais rien d'intéressant! »***
6 septembre 1972.« - Qu'est-ce que c'est le Claréclat? », demanda naïvement le garçon de 15 ans. Il n'était pas à Beauxbâtons depuis très longtemps mais il était persuadé n'en avoir jamais entendu parler dans ses cours. Le médecin prit une voix grave.
« - C'est une maladie assez rare. Les personnes qui en sont atteintes présentent une pâleur extrême. C'est dû à une production de globules rouges altérée. Cela conduit à une sensibilité accrue à la lumière »« - C'est pour ça que je suis si pâle alors? » Le médecin hocha la tête.
« - A terme, tu risques d'être fatigué, d'avoir des vertiges, des maux de tête, d'être vite essoufflé et de ne plus pouvoir aller au soleil » Il fit une pause.
« Mais ne t'inquiète pas, certains sorciers ont vécu très longtemps »Sa dernière phrase inquiéta évidemment Gabriel. Le médecin poursuivit en expliquant à ses parents tous les traitements qu'il devrait suivre, en expliquant qu'il existait des médicaments qui pouvaient prolonger l'espérance de vie au maximum et qu'il faudrait se battre. Le médecin n'avait pas tort : les vertiges commençaient déjà ! Noyé par la nouvelle, Gab interrompit tout ce petit monde.
« - Mais... Je suis juste... pâle » Il avait consulté par coquetterie. Jamais il ne s'était attendu à ce que cette consultation bouleverse les deux années suivantes de sa vie.
***
6 septembre 1973.Gabriel était plus livide que jamais. Il avait perdu 15 kilos et son visage émacié lui donnait un air de zombie. Il avait dû quitter l'école en cours d'année l'année dernière et il n'était pas près d' y remettre les pieds... En vérité, il ne pouvait plus mettre les pieds nulle part. Il ne pouvait sortir que la nuit car le soleil lui brûlait trop la peau.
Il entra dans la chambre d'Andréa. Contrairement à leur troisième soeur, elle n'avait pas fait sa rentrée à Beauxbâtons puisqu'elle avait terminé ses études. Il la vit en train de se coiffer devant un miroir.
« - Tu as un rendez-vous? » Il n'attendit pas sa réponse et se posta derrière elle. Il lui prit la brosse des mains et se mit à démêler ses longs cheveux bruns. Tel un expert, il sépara ses cheveux en plusieurs zones distinctes et se lança dans des tresses compliquées qui n'avaient plus aucun secret pour lui. Il prit ensuite plusieurs élastiques à cheveux dans sa trousse et termina son chef-d'oeuvre. Son regard fut soudain attiré par un livre posé sur sa commode.
« - Le Poker Sorcier et ses variantes... Je peux te l'emprunter? »***
Juin 1976.Un an plus tard que tous les autres élèves de son âge, Gab avait finalement obtenu son diplôme. La maladie n'était plus qu'un souvenir, pas si lointain toutefois puisque son corps en portait toujours les stigmates et qu'il était resté un peu plus mince que les autres. Il avait eu de la chance. La maladie était toujours là, latente, mais pour l'instant tenue en échec. On l'avait toutefois prévenu qu'elle risquait de réapparaître à tout moment.
Maintenant qu'il avait une apparence à peu près normale, certaines filles étaient venues le voir. Dont Lavande. Une petite blonde aux grands yeux verts qui l'avait regardé amoureusement pendant des semaines avant de venir l'aborder. Dans ses yeux à lui, il était resté un ado chétif, il n'avait donc pas pris conscience qu'une fille pouvait vraiment le regarder de cette façon. Ils sont sortis ensemble six mois.
Mais, à 18 ans, après être passé à côté de la mort et être toujours en sursis, Gab ne se voyait pas rester avec la même fille pendant des années. Elle était gentille, belle et intelligente, mais il y avait tellement d'autres choses à découvrir, de filles à connaître... Comment pouvait-il être sûr que c'était la bonne? Même si c'était le cas, il n'avait aucune envie de s'enchaîner à elle. Il l'a donc quittée alors qu'elle était folle amoureuse de lui. Lavande aura toutefois toujours une place spéciale dans son coeur puisque c'est elle qui lui a permis de reprendre confiance en lui, et qui l'a fait réaliser... qu'il était assez intéressant pour plaire à d'autres filles.
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Septembre 1977.« - Pourquoi est-ce que j'aurais envie de vous suivre en Angleterre? Tous mes amis sont à Rennes... »Ce jour-là, il découvrit que les sacrifices qu'avaient fait sa famille, pour lui, pour sa maladie, avaient pris bien plus d'ampleur que ce qu'il s'était imaginé (et encore, on ne lui avait révélé que la partie émergée de l'iceberg, celle qu'ils ne pouvaient plus cacher). Son père, moldu, avait dû plonger dans l'illégalité pour pouvoir lui payer tous ses traitements. En entendant tout cela, en entendant que son père était recherché par la police moldue française, Gab ne pipa plus un mot. Si toute sa famille décidait d'aller en Angleterre, il suivrait. Après tout, il pouvait jouer au poker depuis n'importe où. Il y avait bien assez de pigeons à dépouiller dans tous les endroits du monde.
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14 février 1978.« - T’as combien de fric à dépenser au juste? », s’amusa-t-il en voyant l’homme qui ne s’était toujours pas couché. Ce genre de tête de mule, c’était du pain béni pour lui. C’était avec eux qu’il se faisait le plus de fric. Et, vu la pile de jetons qu’il avait devant lui, il s’en était déjà fait pas mal. Mais, là, il avait envie de fanfaronner un peu.
Il regarda une seconde fois les deux cartes qu’il avait devant lui en prenant soin de ne pas trop les décoller du tapis. Il replongea ensuite son regard impassible dans celui de son adversaire. Au moment où la river tomba, Gabriel sut qu’il avait gagné. La chance ne fait pas tout au poker mais, en plus, il en a. Pas de bol pour l’autre. D’un geste professionnel, il rapatria les derniers jetons de son adversaire de son côté à lui du tapis, et les mit dans sa bourse pour aller les échanger à la caisse.
« Comment tu t’appelles? » Sinclair? Ce nom lui était familier, mais il ne connaissait pas le jeune homme. Pourtant, il lui paraissait déjà sympathique. Gabriel aimait les gens qui lui tenaient tête.
« Si t’en as marre de perdre ta thune, plutôt que de parier contre moi, tu peux parier sur moi. Il y a un tournoi dans quelques jours avec un énorme prizepool. Mais le prix d’entrée est conséquent » Il n’aimait pas avouer qu’il n’avait pas les moyens de ses ambitions, mais c’était le cas, cela s’entendait dans sa voix.
« Sois mon stacker. Et si je gagne, tu récupéreras un pourcentage de mes gains. Il y a de l’alcool gratuit… »***
28 mai 1978.« -Je te présente le… Red Light », dit-il en scrutant la réaction de son nouveau
partner in crime devant la devanture aux néons. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ils passaient quasi tout leur temps ensemble. Ewan avait voulu un lieu où ils pouvaient s’amuser, il allait être servi.
« Par contre, range ta baguette. On est chez les moldus ici. Et de toute façon, ce n’est pas de celle-là dont tu auras besoin ce soir » Un sourire en coin, un haussement de sourcil entendu et Gabriel se dirigea vers l’entrée en prenant l’air le plus sobre possible. Il était malvenu d’arriver éméché dans un bordel. On pouvait boire, oui, mais à l’intérieur. Sa carte de membre les fit passer tous les deux sans encombre.
« On t’en fera une après. En attendant, profite de l’endroit »***
Septembre 1981.« - Putain, mec, vomir dans la cabine téléphonique du Ministère, sérieusement? » « - C’était dans l’atrium » Gabriel s'esclaffa en refermant Le Corbeau et en le repliant sur la table. Il adorait lire cette feuille de chou. C’était son petit péché mignon du matin. Il faut dire qu’on ne parlait jamais de lui. Il était pourtant souvent à côté d’Ewan au moment où les choses dérapaient, mais il n’était qu’un personnage secondaire qu’on retirait des histoires par manque de place. Cela lui allait. Il était le plus souvent dans l’ombre mais, comme la lune, il était parfois éclairé et avait son heure de gloire. Surtout auprès des femmes.
Sa cote de popularité avait grimpé en flèche depuis qu’il traînait avec lui. Il n’avait jamais eu de soucis à trouver des conquêtes d’un soir mais, depuis quatre ans, il n’avait qu’à se baisser pour les cueillir.
« - Quelle heure il est? », demanda une blonde à l’accent prononcé, les cheveux encore emmêlés et l’air endormi.
« - Dix heures et quart. Mais pas de stress, on est dimanche. Pas trop fatiguée? », demanda-t-il, la voix pleine de sous-entendus. Evidemment qu’elle l’était, il s’en était assuré.
« Sers-toi, il y a du jus d’orange, des viennoiseries, du café, du thé… Et ton amie, elle dort toujours? » Il aurait pu leur proposer de remettre ça ce matin, mais les voir en train de ronfler leur avait fait perdre leur charme. Et puis, il leur avait dit dès le départ qu’il ne voulait pas du sérieux. Cela ne l’empêchait pas de reconnaître leurs atouts. Son regard loucha d’ailleurs sur les fesses de la jeune femme qui se dirigeait vers la chaise jusqu’à ce qu’elle ne lui offre plus rien à regarder. Son regard remonta ensuite vers Ewan avec qui il échangea un sourire discret. Il n’était pas peu fier d’avoir réussi à ramener les deux, et cela se voyait sur son visage. Il pourrait mettre une nouvelle barre dans son carnet à côté des précédentes. Voilà qui les ramènerait à égalité.
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Février 1982.« - T'en tires une tête, Estie ! » Gab venait de se tourner vers son associé après avoir paraphé le bas du document et déposé sa plume sur le bureau. Il affichait un grand sourire, contrairement à Esteban.
« Après tout ce temps, Sécurisort est enfin à nous ! T'inquiète, ça va aller. Y'a aucune raison que l'entreprise se casse la gueule. Fêtons ça plutôt » En moins de temps qu'il en faut pour le dire, Esteban avait fait sauter le bouchon d'une bouteille de champagne dans un "pop" typique. Il tentait de rassurer son associé qui était malheureusement coutumier des faillites. Il n'avait évidemment aucune idée que son nouveau boss avait ses pensées tournées vers tout autre chose.
- Chronologie:
9 mai 1957 : Naissance de Gab
Septembre 1968 : Entrée à Beauxbâtons, chez les Rubis (11 ans)
Septembre 1972 : Diagnostic du Claréclat - Arrête Beauxbâtons en cours d'année (15 ans)
1973 : Débute le poker
Septembre 1974 : Revient à Beauxbâtons après que sa maladie soit "sous contrôle" (17 ans)
Juin 1976 : Termine ses études à Beauxbâtons, un an plus tard que tout le monde (18 ans). Largue Lavande avec qui il sortait depuis 6 mois.
Octobre 1977: Débarque au Royaume-Uni
Février 1978 : Rencontre Ewan
Mai 1978 : Début sa formation de garde du corps et intègre une entreprise de sécurité
Janvier 79 : Devient le garde du corps d’Esteban
Septembre 81 : Esteban doit se passer de des services de Gab parce qu’il n’arrive plus à payer
Février 82: Il achète 40% de Sécurisort aux côtés d'Esteban qui devient le directeur